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BONNE LECTURE

Mixité (mode d’emploi) : quand l’économie réalise qu’éduquer les garçons change le PIB

  • Photo du rédacteur: Karin Warin
    Karin Warin
  • 28 oct.
  • 5 min de lecture

Lecture recommandée !

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La semaine dernière dans Quotidien, on a reparlé d’un livre qui devrait être posé sur la table basse de chaque comité de direction (et dans quelques salons familiaux). Lucile Peytavin, Le coût de la virilité. Ce que la France économiserait si les hommes se comportaient sans biais sociétaux et culturels. Rien d’agressif envers les hommes ici. On parle d’éducation, de normes et d’incitations. Et donc d’actions concrètes, mesurables, efficaces.


Pourquoi ce sujet est économique (et pas seulement sociétal)

Regardons les ordres de grandeur. Ils piquent un peu (promis, c’est pour la bonne cause).

  • 95,2 milliards d’euros par an. C’est l’estimation du coût des violences et comportements associés à des normes virilistes en France (police, justice, santé, pertes de production, etc.). Ce n’est pas un slogan, c’est une addition méthodique. (Le Monde.fr)

  • La surreprésentation masculine dans la délinquance et la détention est massive. Les hommes constituent l’écrasante majorité des auteurs de violences et forment la quasi-totalité de la population carcérale. Les données officielles du ministère de la Justice et les synthèses récentes le confirment. (Ministère de la justice)

  • Sur la route, les comportements à risque ont un sexe. 77 % des tués et 84 % des responsables présumés d’accidents mortels sont des hommes (année 2024). Éducation au volant, maîtrise de soi, normes implicites… ce sont des leviers concrets. (Onisr)

  • 118 milliards d’euros par an. C’est l’estimation du coût des inégalités femmes–hommes pour la France, toutes causes confondues (pertes de richesse, santé, violences, inégalités économiques). Oui, c’est colossal. (Fondation des Femmes)

  • Et à l’échelle mondiale, combler les écarts d’égalité pourrait ajouter jusqu’à 12 000 milliards de dollars au PIB d’ici 2025. La mixité est une stratégie de croissance (et un antidote à la panne d’investissement humain). (McKinsey & Company)

Ce que montre Peytavin est documenté (méthode, sources publiques, recoupements) et orienté solutions. L’objectif n’est pas de pointer du doigt les hommes, mais de désapprendre certaines normes de socialisation (courageuses dans les films, coûteuses dans la vraie vie) pour en apprendre d’autres (respect, coopération, maîtrise de soi, égalité). (Le Monde.fr)


Le vrai sujet : l’éducation (dès maintenant) et la prévention (partout)

On ne « moralise » pas, on opère. Si l’on traite les causes (et pas seulement les symptômes), on allège la facture sociale tout en libérant des points de productivité. Voici un plan d’actions immédiates.


1) À l’école (primaire et collège)

  • Éducation relationnelle (émotions, consentement, coopération, résolution non violente des conflits).

  • Jeux coopératifs (valoriser l’entraide plutôt que l’élimination permanente).

  • Cours de santé et citoyenneté réalistes (pornographie, réseaux sociaux, stéréotypes).

  • Rituels d’égalité dans la classe (prise de parole équilibrée, rôles tournants).

2) À la maison (petite révolution du quotidien)

  • Répartition visible des tâches (tableau simple et suivi régulier). J'ai trop souvent fait la vaisselle à la place de mon frère...

  • Parentalité partagée (congés pris, pas juste revendiqués).

  • Modèles masculins différents dans les lectures et films (fiables, non violents, respectueux).

3) Dans le sport et les loisirs

  • Charte d’équipe qui sanctuarise la maîtrise de soi et l’inclusion.

  • Encadrement formé aux VSS et aux micro-violences (signaux faibles) avec procédure d’alerte claire.

  • Valorisation du collectif plus que de l’exploit solitaire permanent.

4) En entreprise (le nerf de la guerre économique)

  • Objectifs chiffrés de mixité aux postes de décision (avec trajectoire trimestrielle).

  • Diagnostic VSS + plan de prévention (canal confidentiel, enquête standardisée, sanctions cohérentes).

  • Formation des managers à la compatibilité relationnelle et à la gestion des conflits (outils pratico-pratiques).

  • Indicateurs publics (écarts de rémunération, promotions, mixité des viviers).

  • Communication interne qui montre des modèles masculins non violents et performants (la fiabilité, c’est sexy).

    Pas mal de ces actions sont en cours mais souvent relayées au statut de non essentiel.


5) Dans la sphère publique et médiatique

  • Campagnes de prévention centrées sur la compétence sociale (et pas la culpabilisation).

  • Codes narratifs qui cessent de récompenser l’impulsivité agressive.

  • Investissements massifs sur l’amont (prévention) plutôt que sur le rattrapage éternel (répression seule).

La mixité comme stratégie de redressement national

Appelons un chat un chat. La France a un problème d’allocation du capital humain. Nous acceptons des normes éducatives qui génèrent de la casse (physique, psychique, économique) puis nous payons l’addition, chaque année, silencieusement. La mixité n’est pas une affiche inspirante. C’est un programme d’efficacité collective.

  • Moins d’accidents (routes, travail, sport) signifie des vies sauvées, des arrêts évités, des primes d’assurance contenues, des budgets publics réaffectés. (Onisr)

  • Moins de violences signifie des tribunaux désengorgés, des hôpitaux soulagés, des trajectoires professionnelles moins brisées. (Le Monde.fr)

  • Plus de femmes là où se décident les budgets signifie des arbitrages plus complets, plus d’innovation, un meilleur retour sur capital humain. (McKinsey & Company)

Résultat attendu (et mesurable) : un pays plus sûr, des entreprises plus productives, des finances publiques qui respirent. Et surtout, des garçons et des hommes qui vont mieux (moins sommés de performer selon un script impossible), des filles et des femmes qui respirent, et un collectif qui retrouve de l’élan.

Kit express (prêt à l’emploi) pour lancer la dynamique dans ton écosystème

En 30 jours

  1. Diagnostiquer (grille 20 items) la culture relationnelle de ton organisation.

  2. Former 100 % des managers à la compatibilité relationnelle (2 sessions de 2 h).

  3. Mettre en place un canal d’alerte VSS et une procédure simple en 5 étapes.

  4. Fixer 3 objectifs de mixité avec jalons trimestriels.

  5. Déployer une micro-campagne interne de 4 semaines sur les comportements attendus (messages courts, cas concrets, un engagement par semaine).

En 90 jours

  1. Réviser les processus RH (recrutement, évaluation, promotion) pour éliminer les biais évidents.

  2. Intégrer un module prévention dans l’onboarding.

  3. Ouvrir un groupe ressource mixité (cadencé et utile, pas cosmétique).

  4. Publier un tableau de bord public (3 indicateurs, mis à jour chaque trimestre).

  5. Mesurer les impacts opérationnels (absentéisme, turn-over, accidents, litiges) et réallouer le budget prévention.


Ce qu’il faut retenir

  • C’est documenté et majeur pour l’économie. (Le Monde.fr)

  • Éduquer différemment (garçons et filles) change des vies et des budgets. (Onisr)

  • La mixité n’est pas un supplément d’âme, c’est un levier de redressement. (McKinsey & Company)

  • On peut agir dès cette semaine (avant qu’un énième rapport vienne s’empiler sur l’étagère).

Alors, vous commencez par quoi ? Chez vous ? Dans votre entreprise ?



Sources et ressources utiles


 
 
 

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